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Le festival saveurs san frontières est un festival culinaire autour des migrations

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NOS PETITES MIGRATIONS

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Nous sommes tous et toutes des migrants, dans le sens où nous avons tous plus ou moins, vécu de manière choisie ou pas, des déracinements géographiques, des déracinements psychiques : on part habiter ailleurs, on change de ville, on change d’école, on passe de la ville à la campagne ou vice versa, on change de région, de pays…On peut aussi avoir vécu des changements de milieux sociaux ou de milieu professionnel, par rapport à nos milieux d’origine… et du coup on peut avoir le sentiment d’avoir migré, plus modestement, à une autre échelle, et souvent de manière moins brutale, moins traumatique que les réfugiés, exilés qui viennent de l’autre bout du monde, mais on peut avoir eu aussi le sentiment de se sentir étranger, de changer de monde, d’avoir à se reconstruire, d’avoir à se transformer…

Nous  vous proposons donc de faire un petit voyage introspectif, de repenser à vos « petites migrations », « vos expériences de vie à l’étranger », « vos déménagements, vos arrivées dans vos nouvelles vies, vos sentiments, les émotions qui vous ont traversées à ces moments là…

Nous vous proposons d’y réfléchir, d’en parler à votre table, de vous raconter pendant une partie du repas, et si vous en avez envie, au moment du dessert, de nous faire partager ces souvenirs, ces bouleversements, de nous raconter votre vécu, vos émotions…

Le but est de se rendre compte qu’on est tous en partie « des migrants », et peut-être qu’à partir de ce constat, on comprendra mieux les personnes arrivées récemment d’autres pays. En observant nos vécus communs, on se sentira peut être plus proche, plus empathique avec l’humanité dans sa globalité. Nous faisons le parie que c’est en partageant nos ressemblances plutôt que nos différences (sans les nier) que l’on pourra se rapprocher d’avantage de l’autre…

 

Voici quelques témoignages anonymes, récits que nous avons recueillis auprès des participants du Festival Saveurs sans Frontières 2020 :  

« Enfant, avec mes parents j’ai déménagé dix fois et acquis la conviction, d’après mon expérience, qu’en tout lieu je pouvais me sentir chez moi et me faire des ami.es. Mes souvenirs de déracinées me ramènent à combien cela est rude de s’adapter. Changement d’école, de livres, de cahiers, de maîtresse, de lieu… M’adapter n’était pas un choix mais une nécessité. Je ne me posais pas la question du changement, je le vivais. Bien plus tard, née Isabelle, à la fac je suis nommée Zaza. Et en me mariant à un anglais Lady Zaza ! Toujours la même ? Des versions différentes de moi certainement, mais le fond reste le même, la forme simplement change ! Merci pour ce repas. »

« Je ne pense pas me tromper en disant « Mangoreshnatsu dusterman alati » en début de repas ce soir. Nos amis iraniens me corrigeront peut être ? Arrivé en France en 1972 de mon pays natal la Grande Bretagne, j’ai trouvé plutôt difficile de se faire des connaissances en France. Mes premiers amis étaient iraninen Hamid et roumain Nicola. Moi, linguiste, je me régalais d’apprendre leur langue. Et par quoi faut-il commencer dans un pays inconnu ?  "J’ai faim" "MangoreshnatsuJe n’ai jamais pu aller en Iran malheureusement. L’Iran et la Roumanie garderont toujours une place privilégiée dans mon cœur. »

« La première fois que je suis descendue d’Aydat sur Clermont-ferrand par la N89, après le CHU j’ai vu la grande muraille de Chine… et j’ai cherché la mer derrière… je me suis retrouvée d’un coup transporté dans mon île (île de la Réunion)…mais hélas…pas de mer. L’Auvergne serait parfaite si elle était entourée par la mer ! »

 

« J’ai vécu plusieurs migrations, plus ou moins lointaines, mais toujours volontaires et dans de bonnes conditions. Du Languedoc à l’Auvergne par exemple, je ne me trouve pas étranger même si certains autochtones me le font sentir à cause de mon accent méridional. Je l’ai gardé comme un trésor malgré trente ans de bougnattitude ! »

« A Madagascar, au début de mon séjour tropical : une salade de tomates avec un persil au goût d’ailleurs… Etait-ce une herbe aromatique périmée alors qu’elle paraissait bien fraîche ? Je venais de découvrir la coriandre ! »

« 2005, atterrissage en Haute-Loire, après quatre années de vie au Laos où tout le monde vivait dehors et où les gens nous interpellaient tout le temps : Où vas-tu ?  Tu as mangé ? Viens manger avec nous ! St Sigolène, l’automne est froid, chacun chez soi, portes fermées. Une vieille dame habite seule au bout du chemin. Les enfants et moi décidons un dimanche de lui apporter des petits gâteaux. Nous frappons à sa porte, elle entre ouvre et dit : « J’ai besoin de rien. Au revoir. » Semaine après semaine, on a fini par s’apprivoiser. Plusieurs années après avoir déménagé de St Sigolène, on est retourné la voir, et les retrouvailles étaient joyeuses. »

 

« Mon pays, je le porte, je le sens  à l’intérieur de moi. Je suis partie de chez moi en étant enfant et quand j’y retourne, je ne reconnais plus rien, plus personnes, tout a changé, c’était il y a trop longtemps, une autre époque, un autre monde, mon pays n’existe plus (RDA). »

« La gastronomie nous permet de ne pas oublier nos lieux de vie, nos racines nombreuses et variées : de l’Algérie à la Suède en passant par Madagascar. »

« Nous sommes tous.tes l’étranger de quelqu’un, des autres, d’un pays, d’une région… L’étranger est un ami que l’on ne connaît pas encore, un ami à découvrir… Nos rencontres nous construisent et il est parfois long le chemin pour s’enraciner… J’ai la chance de ne pas avoir connu de déracinement violent, douloureux. Grâce à l’étranger qui a su m’accueillir et permettre mon intégration en douceur, je me sens aujourd’hui chez moi ici en Auvergne. » 

« C’est le regard que l’on porte aux autres qui permet d’entrer en contact de manière bienveillante avec l’autre à l’intérieur de soi même et de se transformer petit à petit. »

« Culturellement que serait notre civilisation avec uniquement de la sédentarité et de l’autarcie ? Partir de chez soi, c’est une ouverture sur l’inconnu, la différence. Cela force une plus grande tolérance. Nous sommes tous.tes des migrants.es ! »

« La première fois que j’ai débarqué dans un aéroport aux USA. Tout me paraissait démesuré, les parkings immenses, les voitures énormes, l’autoroute tentaculaire avec des véhicules plus gros les uns que les autres… une sensation de perte de repères ! J’étais sortie de ma zone de confort émotionnel. »

« Quand je suis arrivée à Clermont, venant de Lyon, je ne connaissais absolument personne, et quand j’allais me promener en ville, j’avais un sentiment de liberté absolue ! Je me disais que je pourrais me balader en pyjama, cela ne me dérangerait pas vu que je me sentais parfaitement anonyme ! Et puis après ce sentiment de liberté s’est doublé d’un sentiment de solitude… le regret de ne pouvoir rencontrer personne avec qui partager un souvenir… de ne reconnaître et de ne retrouver personne ! Une certaine ambivalence… »

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